Vingt-cinq années de bouleversements.

Depuis le début des années 2000, le marché immobilier français a connu des cycles contrastés, portés tour à tour par l’euphorie du crédit, les secousses financières, les réformes fiscales, les mutations sociales et les impératifs écologiques.

À travers cinq grandes séquences, cet article retrace les dynamiques qui ont façonné l’immobilier résidentiel en France, en mettant en lumière les politiques publiques, les évolutions économiques et les profils d’emprunteurs.

2000–2008 : L’âge d’or du crédit et de la pierre

Porté par une conjoncture économique favorable et des taux d’intérêt historiquement bas, le début des années 2000 marque une période d’expansion sans précédent pour le marché immobilier français.

Les taux immobiliers oscillaient entre 5 % et 6 % pour un prêt sur 20 ans entre 2000 et 2003 avant de descendre vers 4,5 % à partir de 2004 ceci grace à une meilleure régulation des marchés.

Les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) connaissent un essor important. Elles sont nées dans le début des années 60 avec un concept nouveau et simple : la propriété du parc immobilier qui compose la SCPI sera divisée entre les nombreux associés (actionnaires), sous forme de parts.

Un gestionnaire sera lui à la tête de la SCPI afin de gérer cette dernière et de prendre les décisions. Bien évidemment, plus ce gestionnaire est de qualité, plus la fiabilité de la SCPI sera accrue.

Les SCPI permettent de faciliter l’accès à l’investissement locatif pour les particuliers et sera une valeur refuge après la crise de 2008 permettant d’obtenir des revenus garantis avec peu de risque.

C’est également durant cette période que les premières démarches de financement immobilier commencent à se dématérialiser, avec l’apparition des simulateurs en ligne et des premiers parcours numériques.
La digitalisation du parcours de financement immobilier simplife les démarches, élargit l’accès au crédit et renforce le poids des courtiers dans la distribution de crédits immobiliers.

Au tournant du siècle, le climat économique est propice : comme vu plus haut, les taux d’intérêt immobiliers baissent régulièrement.
Le crédit devient accessible, les banques assouplissent leurs conditions, et les ménages se projettent dans l’achat.
Le PIB progresse de 2 % par an, le chômage recule, et l’inflation reste contenue.

Dans ce contexte, les prix de l’immobilier s’envolent : à Paris, le mètre carré double, passant de 3 000 € à plus de 7 000 €. Lyon, Bordeaux et les métropoles régionales suivent la même trajectoire, à un rythme plus modéré.

Le nombre de transactions grimpe jusqu’à 900 000 par an. L’investissement locatif devient un pilier du marché, soutenu par deux dispositifs fiscaux majeurs :

  • Le dispositif « de Robien » (2003) permet aux investisseurs de déduire une partie du prix d’achat d’un logement neuf de leurs revenus imposables, à condition de le louer pendant au moins neuf ans.
  • Le dispositif « Borloo » (2006), complémentaire du précédent, cible les logements intermédiaires avec des loyers plafonnés et des avantages fiscaux renforcés.

Ces incitations structurent un parc locatif privé, notamment dans les villes moyennes et parfois dans des zones moins tendues. (Leur efficacité étant remise en question, elles seront progressivement supprimées en 2010 en raison de leur complexité, d’une surproduction dans des zones peu tendues et d’un coût budgétaire pour l’Etat jugé trop élevé).

Concernant le profil des emprunteurs sur cette période, contrairement aux familles qui étaient majoritaires sur la décennie précédentes, ce sont les profils de jeunes urbains, souvent primo-accédants, qui confirment leur essor.

Les durées d’emprunt s’allongent (20 à 25 ans) dues à l’augmentation des prix des biens, les apports sont faibles, et les taux fixes deviennent la norme par opposition aux décennies précédentes où les taux variables étaient plus répandus, notamment dans les années 1990, en raison de la volatilité des marchés et des politiques monétaires moins accommodantes.

Sur la période 2000-2008, l’immobilier s’impose comme un projet de vie, mais aussi comme un placement patrimonial.

2008–2012 : La crise des subprimes et ses répliques

Après le choc de la crise financière, le marché immobilier amorce une reprise timide mais structurée, portée par des politiques monétaires inédites et une attractivité renouvelée des grandes métropoles.

L’année 2008 marque un tournant brutal. La crise des subprimes, née aux États-Unis, se propage à l’ensemble du système financier mondial.
En France, le PIB recule de 2,9 % en 2009, le chômage grimpe à 9,5 %, et la confiance des ménages s’effondre. Les banques durcissent leurs critères d’octroi de crédit, malgré des taux toujours bas.

Le marché immobilier ralentit. Les prix stagnent, voire baissent légèrement dans les grandes agglomérations. Le volume des transactions chute de 20 % en un an.
Le marché locatif reste sous tension, avec une demande soutenue mais une offre limitée.

Pour amortir le choc, l’État intervient :

  • La loi Scellier (2009) remplace le dispositif « De Robien » et offre une réduction d’impôt pour l’achat de logements neufs destinés à la location.
    Elle connaît un succès rapide : plus de 100 000 logements financés en 2010.
  • Le PTZ+ (2011) renforce le prêt à taux zéro pour les primo-accédants,
    avec des conditions élargies et une meilleure prise en compte des zones géographiques.
  • En parallèle, l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), lancé en 2009, permet aux propriétaires de financer des travaux de rénovation énergétique dans leur residence principale, contribuant ainsi à la montée en puissance des enjeux de performance énergétique.

Les jeunes ménages sont pénalisés par le durcissement du crédit. Les emprunteurs solvables, avec apport, sont privilégiés. Le taux de refus de prêt augmente, et les banques exigent des garanties renforcées.

2013–2019 : Métropolisation et reprise sélective

La reprise économique est lente mais réelle. Le PIB progresse de 1,3 % par an, le chômage diminue progressivement.
La Banque centrale européenne adopte
une politique monétaire ultra-accommodante : taux directeurs proches de zéro, rachats d’actifs massifs.
Les taux immobiliers descendent autour de 1,5 %, favorisant l’accès au crédit.

Les grandes métropoles françaises retrouvent leur dynamisme. Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes… les prix repartent à la hausse, portés par la gentrification et l’attractivité des centres-villes. En revanche, les zones rurales et les villes moyennes stagnent.
Le marché devient dual : dynamique dans les centres urbains, atone ailleurs.

Les dispositifs publics accompagnent cette reprise :

  • La loi Pinel (2014) succède au dispositif Scellier et propose une réduction d’impôt pour l’investissement locatif dans le neuf, avec engagement de location sur 6, 9 ou 12 ans. Elle introduit des plafonds de loyers et de ressources.
  • Le PTZ est élargi à davantage de zones et de profils.
  • Le Bail Réel Solidaire (BRS), introduit par la loi ALUR en 2014 et mis en œuvre à partir de 2017, permet aux ménages modestes d’accéder à la propriété en dissociant le foncier du bâti, via les Organismes de Foncier Solidaire (OFS).
  • Création de l’éco-PTZ Copropriétés qui permet aux syndicats de copropriétaires de financer des travaux de rénovation énergétique sur les parties communes ou les équipements collectifs.

Les premières incitations à la rénovation énergétique apparaissent : réforme du DPE, aides à l’isolation, montée en puissance des enjeux environnementaux.
Les emprunteurs sont des ménages urbains à revenus stables. Les investisseurs locatifs profitent des taux bas et des dispositifs fiscaux. Les inégalités territoriales dans l’accès au crédit se creusent : les zones rurales sont moins financées,
les jeunes ménages peinent à entrer sur le marché.

Alors que les métropoles semblaient tirer durablement le marché vers le haut, portées par des taux historiquement bas et des politiques incitatives, nul n’imaginait que l’équilibre fragile retrouvé allait bientôt voler en éclats…

Pour pour quelle raison ? La suite de cette histoire s’écrit à partir de 2020, avec un choc aussi brutal qu’inattendu…

 

Lisez la partie II de notre article pour comprendre la période post-Covid à aujourd’hui !

 

 

Sources :
-Évolution du marché immobilier
-IGEDD – Évolution du prix de l’immobilier à long terme (1936–2025) : données sur les prix, loyers, transactions, crédit immobilier, dette des ménages, comparaisons internationales 1.
-Notaires de France – Tendances et évolutions des prix de l’immobilier (01/2025) : indices Notaires-INSEE, volumes de transactions, projections de prix 2.
-Dispositifs fiscaux (Robien, Borloo, Scellier, Pinel, PTZ)
-CAFPI – Historique des dispositifs de défiscalisation immobilière : fonctionnement, dates, effets sur le marché locatif 3.
-Taux d’intérêt immobiliers
-Immobilier Danger – Évolution des taux immobiliers depuis 1965 jusqu’à 2025 : historique complet et analyse des cycles 4.
-Profils des emprunteurs Banque de France – Panorama des prêts à l’habitat des ménages (juillet 2025) : évolution des encours, taux moyens, typologie des emprunteurs, pouvoir d’achat immobilier 5.
-Impact du Covid-19. En 2021, des déménagements un peu plus nombreux qu’avant la crise sanitaire depuis l’Île de France vers les autres régions – Insee Première – 1954
-INSEE. Étude « Covid-19 et dynamique des marchés de l’immobilier résidentiel en France » : effets sur les prix, les localisations et les préférences des ménages 6.
-Interdiction des passoires thermiques Service-Public.fr – Interdiction de mise en location des logements classés G au DPE à partir du 1er janvier 2025, selon la loi Climat et Résilience 7.
-https://www.scpi-8.com/blog/histoire-scpi/
-https://www.meilleurtaux.com/credit-immobilier/etude-immobilier/2017/acheter-ou-louer-son-logement/les-annees-2000-une-periode-benie-pour-les-acheteurs.html

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